Nous sommes de petits veinards ! Nous découvrons la perliculture dans LA première ferme perlicole de Polynésie française. C’est cette ferme, qui, dès 1968, initia la culture « industrielle » – ou plutôt « systématisée » – de la perle noire en Polynésie, contribuant ainsi à sa promotion au niveau international.
Dans les années 80, au plus fort de la magie de la perle noire, le gouvernement tahitien a largement subventionné cette activité. Beaucoup de personnes se sont donc lancées dans l’aventure, mais les nouveaux perliculteurs ont récolté trop tôt et vendu des produits de moindre qualité. Les prix ont chuté devant une telle offre et la qualité inférieure a entaché la réputation de Tahiti.
Aujourd’hui, ce secteur est moribond, entre la concurrence asiatique et le faible rapport Charges / Prix de vente qu'autorisent les cours actuels des perles... "Notre" ferme perlière a eu au meilleur de sa forme une trentaine d’ouvriers – aujourd’hui, 3 personnes à mi-temps… et la dernière récolte avant fermeture de l’établissement. Quel dommage de voir un tel patrimoine disparaître !
Pour donner une idée de ce que représente la culture de perles, il faut imaginer qu’à chaque étape, du collectage des nacres à la greffe puis la récolte, beaucoup d'entre elles meurent – prédateurs, maladies... ; les greffes peuvent ne pas prendre, les nacres ne produisant donc rien – au mieux des keshis (ou petites perles naturelles)...
A la récolte, les perles rondes représentent environ 15% de la production, les perles rondes sans défaut formant un tout petit pourcentage de ces 15%...
Le travail de récolte pur (hors entretien des lignes où sont accrochées les nacres à différentes étapes de leur vie / entretien de la ferme / etc.) est également titanesque.
Voici quelques photos qui vous donneront une idée rapide du travail à la ferme... (pardonnez les qualité / netteté / etc. plus que médiocres des photos : initialement, nous comptions vous montrer un film mais la connexion Internet disponible nous a ammené à revoir nos ambitions à la baisse ! Ci-dessous les photos du film !!! Nous aurons de meilleurs clichés à vous proposer en janvier :-)
Les nacres sont "récupérées" par des collecteurs lorsqu'elles sont encore au stade larvaire et non fixées. Au cours de leur développement, elles bénéficient de peelings reguliers (voir plus loin) puis sont greffées et placées dans des "kangourous" tels que vous pouvez voir sur la photo ci-dessous. C'est sur ces sortes de cadres que les nacres vont prendre le temps de fabriquer de belles perles !
Au cours de la dernière session de travail, nous avons sorti, par jour, entre 100 et 170 de ces kangourous. Chacun de ces cadres porte environ 9 ou 10 nacres encore vivantes à la récolte.
Chacune de ces 170 x 10 nacres (=1700) est ensuite grattée sur ses deux côtés afin d’ôter tous les petits coquillages qui y ont élu domicile : le kangourou est passé au "kärcher" puis les nacres bénéficient d'un petit peeling au hachoir !
Avant / Après !
Les nacres sont ouvertes afin d'extraire l'éventuelle perle, qui s'est développée à l'intérieur des gonades (organes reproducteurs) de la nacre. Regardez bien la seconde photo ci-dessous, l'extraction est musclée !
Début / Fin d'une journée de récolte...
Le muscle, ou korori, est également récupéré pour la consommation. C'est un mets très recherché...
... Reste encore à ôter toute la chair des deux coquilles, à laver ces dernières et à les mettre à sécher au soleil (ci-dessous). Et oui, les coquilles seront elles-aussi vendues pour notamment devenir bijoux ou boutons...
Un vrai travail de fourmis ET de titans !